Défaite de l’esprit critique et tentation de la tyrannie dans la société haïtienne actuelle

 

 

-          Ici, il faut risquer une parole pour le sens

comme les pauvres gens risquent leur vie tous les jours

 en quête de pitances.

 


-         
Mon silence est une méditation patiente.

 

-          «Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l'abîme regarde en toi.» 

Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal. 

 

Les rebondissements dans les actualités haïtiennes produisent une effervescence si vertigineuse que la vue devient trouble. Un mélange d’euphorie malsaine, de jouissances honteuses et de revendications passionnées traverse les revendications ou les répressions. De part et d’autre, une gendarmerie de la bien pensance s’installe et s’énerve contre les tentatives d’analyse nuancée. C’est la confusion totale. Mais c’est en même temps le refus de voir clair. Puisque, voir clair dans ce contexte veut dire être de l’autre bord. De quel bord s’agit-il ? Le bord de l’«opposition» ; le bord du «pouvoir». Là, certains d’entre nous qui tenteraient de voir par-dessus les bords ont deux alternatives: soit, ils se taisent pour éviter les invectives ou les insultes, soit, ils s'enferment dans la méditation en leur for intérieur, ou bien ils s'emmurent dans de petits cercles privés, pour saisir le sens de la débâcle annoncée.

Moi, je ne suis pas un héros. Je suis un citoyen ordinaire. Ici, citoyen ordinaire s’entend dans le sens de ces citoyens qui se trouvent piégés entre les jets de pierre des « militants » du « peuple » et les tirs à balles réelles des «hommes du pouvoir». Citoyen ordinaire donc est celui à qui on refuse de penser puisque, encore une fois, de part et d’autre, on se croit tellement légitime et juste à défendre sa cause que tous ceux se trouvant hors de la scène sont déjà déclarés complices ou morts. La mort n’est pas la réalité la plus surprenante dans l’Haïti actuelle. Elle est une arme contre ces citoyens ordinaires. En tout cas, ce sont à eux qu’elle rend visite. Une petite sociologie du kidnapping permettrait d’observer que les citoyens les plus exposés et déjà victimes de ce phénomène sont les citoyens ordinaires, ceux qui se débattent pour la vie (l'illustration éloquente est cette pauvre marchante de cacahuète dont la fille, âgée de cinq ans, a été kidnappée, puis tuée ignoblement) sous les feux croisés des « oppositions » et du «pouvoir».

Il semble que ceux-là n’ont pas de cause, puisqu’ils se font indifférents aux «causes» défendues par les fractions en lutte.

 N’ont-ils vraiment pas de cause ou se font-ils méfiants ? Ils peuvent être méfiants pour plusieurs raisons : d’une part, la mémoire de 2004 est très fraîche. En plus que nombre des acteurs de 2004 se trouvent des deux camps, en toute vraisemblance, pour répéter (dans le sens de la répétition pratiquée dans les arts du spectacle, etc.) la même scène, celle de la lutte pour le pouvoir. D'autre part, moins d’une vingtaine d’années après cette expérience vécue comme un grand acte de manipulation, évidemment sans écarter la nécessité du moment de se débarrasser d’un pouvoir se faisant inquiétant, le même fatum politique revient et est soutenu par la quasi totalité des protagonistes de 2004 devenus depuis chefs de partis, officiels, conseillers patentés, etc.. Il est logique que l’on se demande, la mémoire étant vive (et la rhétorique mise en œuvre n’ayant pas changé), si une nouvelle fois l’on ne se ferait pas embarquer dans la même machine à manipuler, qui avait provoqué les tumultes de 2004. Il faut toutefois signaler au passage : le pouvoir en place a bien su tirer les leçons de ces manipulations macabres; chemin faisant, il a mis de très tôt sous contrôle les grands médias qui ont nourri cette machine manipulatoire, etc. Ainsi en appelle-t-on en vain à leur soutien déjà capté. Une chose est pourtant de mise : toute cette furie s'agite selon logique de l’imaginaire des mouvements de revendications politiques qui rythment l’histoire politique et sociale haïtienne. Cet imaginaire peut être décrit de manière rapide dans le sens de la postulation d’une cause juste indiscutable (lutter contre la mutation «tyrannique» du président au pouvoir et exiger son «départ»); ou de cette cause juste déclamée, on postule la justice et la justesse de tous les moyens (tous les moyens sont bons pour renverser le président en place). J’ai lu sur Facebook un « post » reconnaissant que tous les moyens sont « démocratiques » pour combattre la «tyrannie». C’est vraiment mal connaître l’aspect séducteur de la tyrannie au regard des luttes contre elle. Et on est là, au point que la cause étant si juste qu'elle ne fait l’objet d’aucune justification ou discussion et devient, par ironie de certains faits sociopolitiques, tyrannique, à tel point que chercher à comprendre la justesse de la «cause» traduit un acte de haute trahison. Comme si la justesse en question serait une vue de l’esprit valable pour tous.

J’ai dit que les mouvements politiques haïtiens ont leur propre imaginaire. Ils ont aussi donné naissance à un autre imaginaire, celui de la crédibilité de tout mouvement, ipso facto, des principes formulés qui sont censés être au fondement dudit mouvement. Car il est très facile de prononcer de grandes postulations : contre la dictature tous les moyens sont démocratiques ; ceux qui gardent silence contre cette lutte juste sont des «complices» ; ce sont des «traîtres», des «affamés» ceux qui soutiennent ce pouvoir despotique, etc. 

Sans prendre en compte l’imbroglio de certains acteurs importants de la lutte de revendications politiques qui conseillaient ou conseillent en coulisse le président ou ses ministres, il faut souligner l’aspect réducteur de telles postulations. Face à tout cela, je suis amené à me poser ces questions: qu’est-ce que c’est que garder le silence ? Qui garde le silence ? Les gens modestes théorisés par les gangs dans les quartiers populaires et populeux ? Ou les « intellectuels » auxquels, pour le besoin de la cause, on improvise la fonction de défense des droits aux plus pauvres dans une société anti-intellectuelle, anti-intellectualiste, pour laquelle tout usage de l’intellection est compris comme mystification, comme mépris du «peuple» «analphabète» et «ignorant» ? Cette fonction de mystification est annulée, du moins, lorsqu'on entend demander ou exhorter les «intellectuels» de servir la «cause du peuple» (koz pèp la). Sans savoir de quel peuple est-il question, celui de Réginald Boulos, de Jean-Charles Moïse, de Jovenel Moïse, etc. Mais surtout sans prendre en compte l’aspect intrinsèque de l’intellection qui consiste à combiner, donc à produire des tris et à peser ou soupeser. Paradoxalement, par les temps qui courent, les «intellectuels» ne sont pas appelés à « penser », « critiquer » ou analyser parce que la «cause» est déjà préjugée ou présupposée comme étant juste. Ils doivent s'embarquer dans un jeu politique qui mêle manipulation et vraisemblance, indignation molle contre les pratiques tyranniques qui se généralisent de part et d'autre. Point besoin de savoir pour quelles raisons, malgré la justesse de la cause, on doit choisir cette manière de lutter. Pourtant, ce n’est pas cette question qui importe le plus urgemment ici. Je serais plutôt intéressé de savoir ce qui peut expliquer que les politiciens ainsi que leurs lots de partisans ont choisi à chaque fois le même style de lutte (koupe tèt boule kay pour les mêmes résultats (retour à la case de départ). Cette question présuppose une idée, que je mettrai à jour : les acteurs politiques haïtiens ont constamment évacué la création d'institutions (supérieures) pour résoudre leurs éventuels différends, qui sont répétitifs dans l’histoire politique haïtienne, du fait qu’ils n’ont pas foi dans le débat (l’anti-intellectualisme ambiant) et préfèrent les bras de fer dans les rues qui exposent la vie de chacun: ils préfèrent la mise à mort à l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Au fond, c’est la rémanence d’un dispositif anthropologique qui serait la condition de cette lutte à mort, de ces pratiques de mise à mort. En fin de compte, il faut supposer que s’il y aurait un «culte de l’égalité» qui n’est que la manifestation d’un spectre discursif revendicatif, l’égalité comme expérience vécue dans les relations sociales, politiques de reconnaissance, peine à s’installer dans l’imaginaire haïtien. Là où le symbolique est en panne l’imaginaire rame, le réel est en forclusion.

 

Quelques considérations sur les revendications politiques.

Je veux me livrer, pour la clarté de mes propos, à une distinction qui  a l’air d’un exercice scolastique où la joute conceptuelle semble l’emporter sur le contenu réel. Une passion de la forme sur le fond. En réalité, cette distinction est importante pour esquiver une confusion très récurrente dans les discours des politiciens, repris tels quels généralement par les sciences sociales haïtiennes. On confond souvent les revendications, sociales et politiques. Ce qui donne l’impression que les revendications contre la vie chère, l’insécurité ou le kidnapping sont de même registre que celles qui sont menées contre l’inconstitutionnalité de certains décrets ou en faveur du départ du président. Pourtant, il faut bien remarquer que ces registres de revendication s’excluent souvent mutuellement, comme s’il serait difficile, voire impossible, de les tenir ensemble dans un même paquet revendicatif. Mais d’où vient cette tension entre le social et le politique ?

Les revendications sociales ne sont pas politiques. Elles peuvent avoir des portées ou enjeux politiques. Souvent l’escamotage se réalise à ce niveau, celui des enjeux des revendications sociales changées immédiatement par la «classe politique», acteurs de l’opposition et ceux du pouvoir d’État, en revendications proprement politiques. Ce phénomène fait apparaître quelque chose de caractéristique de la politique haïtienne (lutte pour avoir accès ou conserver le pouvoir, et lutte pour exiger le redressement des injustices ou des inégalités face au pouvoir convoité par la classe politique), étudié par Chenet Jean-Baptiste[i] signalant le hiatus qui s’installe entre les associations populaires porteuses des revendications sociales aux enjeux évidemment politiques et les partis politiques qui visent unilatéralement le pouvoir sans être attentifs aux attentes du « peuple ».

Le travail de Jean-Baptiste permet ainsi d’expliciter ce que j’ai nommé ci-dessus l’escamotage des revendications sociales malencontreusement traduites dans un langage immédiatement politique. Donc convertir les demandes de sécurité alimentaire, de sécurité publique, etc., en départ et accès au pouvoir. Point besoin de développer des arguments sophistiqués pour comprendre que quelque chose a été gommé au cours de cet escamotage : les revendications du « peuple ». Étant traduites dans les langues des politiciens, elles sont édulcorées, remâchées. Comme tout acte de traduction, la trahison n’est pas loin. Elle loge même dans l’acte de traduire du social (bien-être social, économique et politique) en politique (accès au pouvoir ou sa conservation). En conséquence le social devient dans les revendications politiques objet de convoitise ou de manipulation : le président a son peuple qu’il entend protéger des « séductions populistes » de l’ « opposition » et celle-ci entretient son «peuple» dans l'espérance émancipatrice contre la « tentation tyrannique » du pouvoir. Prendre cet état de fait dans le sens moral de qui aurait raison ou tort est un scandale de la pensée (critique). C’est prendre l’apparence pour le phénomène. Autrement dit, c’est oublier que le phénomène est manifestation de quelque chose qui ne dit pas son nom. Qu'est-ce que fait apparaître le phénomène tout en le laissant en retrait dans la traduction politique des revendications sociales ? Les réponses à cette question représentent autant de considérations sur les revendications politiques dans l’histoire politique haïtienne. Avant d’y répondre clairement, une précision qui porte sur la distinction entre revendications, sociales et politiques, s’impose et doit guider quiconque s’intéresse aux mouvements actuels. Les revendications sociales visent l’ordre de partage des ressources collectives au profit de chacun et de tous. Fondées sur les principes d’égalité et de justice, elles font appel au redressement des torts (des tords) subis par le grand nombre de manière injustifiée puisque la commune condition existentielle (se préserver les uns les autres de la solitude susceptible d’occasionner la disparition de chacun) entre les citoyens doit être compensée par la jouissance de ce que rend possible cette communauté de ceux qui ont peur de la solitude, donc qui ont besoin de la présence de l’autre pour se sentir dans l’être. Les revendications sociales ne visent pas d’abord le pouvoir ou les mécanismes de gestion du commun, mais visent aussi la conservation de la communauté que risquent d’entraver les injustices, les formes diverses d’exploitation et de déshumanisation, c’est-à-dire, d’institution de la solitude (ici, je pense aux solitudes auxquelles conduisent les souffrances liées aux «désaffiliations», aux «précarisations» des conditions d’existence où certains citoyens perdent le sens de l’estime de soi, etc.) Tandis que les revendications sociales visent les conditions pour que la vie sociale et politique soit possible, en tant qu’elles sont adressées au pouvoir politique, elles ont une portée politique qui peut déboucher sur le changement de gouvernement, de structure du pouvoir politique (ce n’est pas là sa visée fondamentale). Pourtant, dans le cas d’Haïti, les revendications politiques prennent vite les tournures de renversement de l’ordre politique, de déchoukage, de blocage de manière à paralyser les marges de manœuvre. On peut me placer conjoncturellement du côté du pouvoir actuel avec lequel je n’ai signé aucune allégeance, du reste à aucun pouvoir, pour avoir simplement tenté d’expliquer que les revendications politiques, celles d’hier et d’aujourd’hui, n’ont visé que l’accès et la conservation du pouvoir. Cette récurrence est le signe d’une relation d’une part entre l’imaginaire qui construit l’État haïtien dans ses rapports à la société (on parle souvent, non sans une certaine pertinence qui n’est pas toujours explicite, de la « société contre l’État » ; je pense qu’il aurait été judicieux de prendre en compte la perspective de l’État contre la société. En effet, il y a une propension, que je ne pourrai pas argumenter ici, de l’imaginaire de l’État haïtien de bloquer toute tentative de la société haïtienne à se constituer en unité d’organisation face à un autre imaginaire qui comprend le pouvoir comme instance de contrôle à donner la mort, à zombifier ou à bestialiser, lequel imaginaire fuit ou fait dériver les instances de pouvoir). D’autre part, ce point, je viens de l’esquisser, renvoie à la dynamique de fuite que la société met en place contre la fonction prédatrice, mortifère, bestialisante et zombifiante de l’État (ici l'État représente bien un lieu comportant son propre imaginaire, sa propre réalité anthropologique, etc.). Entre la société et l’État, en plus de dégager la complicité qui les lie et qui donne cohérence au système symbolique haïtien, il faut placer tout le groupe bariolé des élites qui font le va-et-vient entre eux, qui se trouvent en situation de mettre en scène les deux pans de l’imaginaire s’affrontant à la fois sur la scène du social et du politique. Tel est le cadre anthropologico-philosophique d’interprétation des revendications politiques, qui sera enrichi d’un apport plus théorique au moment opportun. Entre-temps, il me conduit aux considérations annoncées ci-dessus.

La première considération concerne la propension des partis politiques à se passer des associations sociales, des mouvements populaires, court-circuités par le désir du pouvoir( j’ai formulé l’expression de manière à la rendre ambigüe, désir du pouvoir est à entendre dans le sens double du désir pour le pouvoir (ceux qui veulent le pouvoir ou qui en jouissent) et dans le sens du désir qu’a le pouvoir ( celui de dominer jusqu’à ce qu’il métamorphose l’homme (haïtien) en bête). Que ce soit dans le sens du désir au pouvoir ou désir pour le pouvoir, les revendications politiques sont marquées par une double jouissance vide, qui n’a pas l’amélioration des conditions de vie des citoyens comme horizon. Elles sont faites de rêverie consumériste, jouissances primaires, etc. Elles sont loin de porter les passions supérieures de la communauté[ii].

Deuxièmement, en cohérence avec l’imaginaire de l’État, les aspirants au pouvoir et ceux qui y ont accès sont tous persuadés que le peuple (l’ensemble des citoyens habilités à voter), ignorant, doit se taire. Sa voix étant posée inaudible parce qu'ils l'ont traduite dans les formes «civilisées» de la langue des sciences modernes, ils se dressent en traducteurs de ce «peuple» et de ses souffrances. Le drame dont ils sont très peu conscients est dans l’imaginaire qu’ils partagent avec le pouvoir (le « peuple » est malin. Il faut ruser avec lui) et l’imaginaire que le pouvoir est un lieu de jouissance (la ruse avec le « peuple » prend la forme de l’augmentation de sa misère, qui est la mise en œuvre du projet de zombification en vue de réduire sa ruse têtue et réaliser le rêve de la politique de domination totale, romancée avec génie par le célèbre Frankétienne, dans Les affres d’un défi [iii]). Pris dans cet imaginaire, les politiciens haïtiens (en complicité avec les hommes d’affaires les plus influents) se muent en vampires des énergies populaires (celles des jeunes, des vieillards des quartiers populaires et des paysans, d’une frange de la classe moyenne et de la diaspora, etc.) La politique devient un jeu macabre et baroque où toutes les lignes sont courbes, tortueuses ou tordues pour épouser toutes les allées possibles qui mènent à la jouissance mesquine et malsaine, aux clinquants faussement éblouissants des arrivistes et des prétendants qui se bousculent dans la préséance à la basse besogne d’une bourgeoisie non enracinée, sans prétention nationale, se ressourçant à merveille dans le racisme ambiant. Price-Mars avait montré les fonctions pernicieuses de ce racisme dans l’invention de la « nation » haïtienne.

Troisièmement, une fois le « peuple » est mis hors jeu par une prétention élitiste de traduction par des porte-paroles, le  nom véritable des luttes politiques est le bras de fer entre les élites politiques, économiques et culturelles afin d’avoir le contrôle du pouvoir politique. Dès lors, ce qu’elles désignent de leurs vœux de « peuple » prend des configurations diverses, hétérogènes et confuses. La politique haïtienne devenant jeu, rappelant le théâtre en abyme de Marivaux de Beaumarchais (précisément Le mariage de Figaro), les politiciens en doublures jouent la dramaturgie baroque ; mus par des spectres historiques, économiques ou politiques, ils se couvrent de ridicules, s'emmêlent de contradictions au désespoir des moins sceptiques, des plus espérants.

Le plus grand drame est le déchaînement des passions que fait naître le désir de pouvoir conforté par l’imaginaire qui a construit l’altérité haïtienne dans le « non-être », dans le moindre être. Irrespect pour l’autre, complicité macabre, trahison, mise à mort, tels sont les noms que prend la politique haïtienne où ceux qui sont au pouvoir traitent les «opposants» comme des moins que rien et ceux qui sont dans les oppositions animalisent ceux qui sont au pouvoir. Une réjouissance réciproque stimule une concurrence dans l’avilissement, dans l’insulte entre les uns et les autres. Une fausse tendresse traverse le toucher (gaz lacrymogène, jet de pierre ou pneus enflammés de l’ « opposition » et violences des « hommes » du « pouvoir »). Bref, une tendance tyrannique lie « opposition » et « pouvoir ». Qu’est-ce que j’entends ici par « tyrannie » ?

 

La tyrannie ou le règne des dieux et des bêtes. Du mauvais usage des passions.

La tyrannie est une question de dieux et de bêtes. Or, l’homme partage la divinité avec les dieux et la bestialité avec les bêtes. Donc, il est clair que la tyrannie n’est pas un événement. L’événement réel est la politique. C’est pour cette raison qu’elle est difficile à advenir et qu’elle est toujours en tentation de la tyrannie. L’ordre symbolique qui le garantit d’un semblant de paix ou de tranquillité est maintenu par un mince filet, qui tient les dieux et les bêtes à distance du symbolique où peuvent se jouer quelques règles, quelques ordres et la durée de l'institution symbolique.

On fait souvent référence à Platon ou Aristote pour penser la tyrannie. Les deux philosophes ont mis l’accent sur la relation de la tyrannie à la divinité ou l’animalité en soulignant l’absence de l’ordre symbolique; cet ordre est par ailleurs compris comme une forme de retrait de l’affectivité primordiale qui prend, dans la divinité ou l’animalité, forme de l’hybris, de la « démesure ». Marc Richir, qui a produit un commentaire incontournable à cette constitution anthropologique et à sa métamorphose dans l’ordre institutionnel symbolique montre combien ce travail de l’institution symbolique fait appel à un réaménagement de l’affectivité. Pour le dire de manière peu complexe, tout en courant le risque de simplifier la pensée très dense et complexe de Richir, l'homme est un être fait d'affectivité. Parmi les affectivités qui le constituent, il est habité par une affectivité transcendantale qui serait sans origine tout en étant à l'origine de toutes les autres. Du point de vue des mythes et de la mythologie grecs, particulièrement, cette affectivité se montre dans le déploiement «sauvage» (à entendre dans le sens de déploiement originel, en dehors de tout ordre culturel ou symbolique institué) des dieux, mus par la «démesure». Ainsi dit Richir de manière très claire en citant Platon: «il existe en chacun de nous une espèce de désir terrible (deinon), sauvage (agrion), déréglée (anomon)» et que «c'est bien cela qui devient manifeste dans les rêves.» La tyrannie a lieu quand cette partie bestiale passe dans la réalité: elle est dès lors «comme déliée, débarrassée de toute honte et de toute réflexion : ni en effet devant l'idée de vouloir s'unir à sa mère ou à n'importe qui, homme, divinité, bête, de se souiller de n'importe quel meurtre, de ne s'abstenir d'aucun aliment.[iv]»  Ce qui se manifeste au niveau du psychisme individuel prend forme au niveau collectif, social, dans les mythes. Dans les mythes grecs, les dieux qui se trouvent au-dessus des lois donnent libre cours à leur pulsion ou énergie. Comment endiguer cette énergie, cette démesure de manière à rendre possible l'institution symbolique ?

Selon Marc Richir cette métamorphose se produit lorsque les dieux se transforment en rois par des relations de parenté, du moins par l'entremise des rois ou des héros qui se trouvent à la lisière du symbolique et de l'affectivité sauvage. Ainsi Richir reconnait avec finesse cette tension qui traverse la politique ou l'ordre symbolique: «un examen tant soit peu attentif des matériaux anthropologiques aujourd'hui disponibles montre une troublante corrélation entre l'apparition des dieux dans la pensée humaine et l'institution de l'État, c'est-à-dire tout d'abord du roi ou du despote exerçant un pouvoir coercitif sur l'ensemble de la société. Il montre aussi que cette institution ne va pas de soi, la figure royale étant affectée d'une instabilité immaîtrisable, entre le sage et juste gouvernement, d'une part, et la tyrannie arbitraire, destructrice de la société, d'autre part. Le pouvoir coercitif est toujours lourd de menaces, toujours plus ou moins coextensif d'une catastrophe symbolique qu'il est pourtant censé tenir en lisière, et, en ce sens, il y a toujours déjà en lui l'écart entre l'institution et la fondation[v]». Le pouvoir politique, l'État ou le « despote » se trouvent à la lisière qui sépare la démesure de la nature et l'ordre du symbolique. Donc, il y a tyrannie lorsque des tentatives sont mises en place pour déjouer l'institution symbolique fondamentale et ouvrir par conséquence l'ordre symbolique au chaos de l'hybris.

Je m’excuse auprès du lecteur exigeant qui aurait souhaité un long détour pour tirer toutes les implications de cette citation, et des enjeux des thèses soutenues par Richir. J’espère que le temps viendra où je pourrai soumettre une étude détaillée de cette question à ces lecteurs. Ainsi devraient-ils se contenter de cette esquisse, qui aura quand bien même la vertu d’annoncer par où il est possible de poser la question de l’institution symbolique  dans la société haïtienne. À cette question, il faut répondre par quelques remarques qui seront rapides, puisque l'espace de cette réflexion ne permet pas de développer l'ensemble des idées de leurs complications.

Il faut dire d'une part que la société haïtienne s'est fondée sur l'esclavage qui représente l'expérience de la démesure des passions humaines. Ici, on n'a pas eu rapport à des dieux, encore que les puissances naturelles du vodou prissent à peine forme, mais la violence nue à laquelle se livraient les esclaves et les colons montrent clairement que Saint-Domingue fut le théâtre de luttes proches de ce que décrivent les mythes. Les affectivités sont débridées et ont ouvert la société coloniale à des relations tyranniques. Par ailleurs, ce qu'il est important de mettre en relief dans cette considération consiste à signaler que l'institution symbolique paradoxale que représente l'esclavage ne favorise pas l'émergence d'une véritable fondation qui aurait mis véritablement à distance l'hybris colonial et installer symboliquement l'État haïtien.

D'autre part, on peut objecter qu'avec l'indépendance haïtienne, la mise en place de l'État haïtien, un ordre symbolique s'est institué et donc conduit à une gestion symbolique de la tyrannie. À cette objection toute l'histoire politique haïtienne, faite de difficulté à conjuguer la politique selon des règles établies, montre l’absence d’une institutionnalisation fondatrice de la politique qui ne cesse de faire des clins d’œil à la tyrannie, à une expérience tumultueuse, archaïque faite de bruit, de fureur, de violence. Jacky Dahomay[vi] permet, par sa réflexion philosophique sur l’histoire politique haïtienne par le prisme de l’«héroïsme», de conforter le constat que toute l’histoire politique haïtienne est la répétition des pratiques de mises à mort, de bras de fer entre les acteurs qui, plus enclins à la lutte nue, au corps à corps, ont constamment recours à la force en mettant de côté les règles de jeu.

Enfin, l’usage répété de la force générant un état de violences fait de la scène politique haïtienne une scène de tauromachie, un terrain où les acteurs préfèrent déployer la force brute du taureau. Cette situation de violence, de mise à mort, de jeu de massacres est proche de ce que Hobbes décrit par l’ « État de nature ». Du point de vue de la psychanalyse, inspirée de l’histoire et de l’anthropologie des sociétés et des cultures, cette situation montre que des pulsions sauvages n’ont pas été mises sous contrôle ; en conséquence elles se sont répandues dans le prétendu vivre-ensemble haïtien comme sa dunamis interne.

La grille d’analyse que je propose entend à répondre à une question, celle qui a circulé en filigrane dans tout ce long propos. C’est le moment de la formuler plus explicitement et justifier par là mon propos. Depuis 1986, après la chute des Duvalier, précisément avec l'amendement en 2011 de la Constitution de 1987, l’idée était germée de mettre en place quelques institutions supérieures qui devraient gérer les contentieux politiques, administratifs entre les pouvoirs de l’État. Du temps s’est écoulé. On bricole à qui mieux mieux le Conseil Électoral Provisoire au rythme des élections qui se font irrégulières dans leurs temps et leurs modes d’organisation. On devrait monter une Conseil constitutionnel pour trancher les litiges concernant les interprétations des prescrits de la Constitution tant dans sa lettre que dans son esprit. Aucune volonté, ni de la part des partis politiques de l’opposition, ni des partis au pouvoir, ne s’est manifestée pour instituer une telle instance véritablement garante de la Constitution et habilitée, par conséquent, à anticiper sur les dérives des interprétations politiques partisanes. La question consiste à savoir ce qui peut expliquer ce manque de volonté des acteurs politiques haïtiens de doter l’espace politique d’une instance de régulation en matière constitutionnelle ?

Avant de proposer plus clairement des éléments de réponse, je dois faire deux mises au point. L’une d’ordre philosophique ayant rapport à la prudence kantienne, qui avait averti sur le paradoxe de l’insociable sociabilité de l’homme, qui veut la société tout en mettant des pratiques qui risquent de la détruire. C’est l’aporie de l’institution d’une instance d’autorité supérieure, qui aurait appelé, à l’infini, à la création d’une nouvelle instance d’autorité supérieure. L’autre mise au point est plutôt d’ordre anthropologique et concerne particulièrement, une fois le Conseil constitutionnel haïtienne aurait été mis en place, les modalités de nomination de ses membres. Cette mise au point tire sa pertinence du fait historique et anthropologique récurrent qui montre que les autorités de l’Exécutif et du Législatif haïtiens cherchent constamment à vassaliser les hauts fonctionnaires de ces institutions supérieures de façon à ne pas s’inquiéter de leurs pratiques illégales. Il est, ainsi, légitime de me demander si la tentation à la vassalisation des membres de ce Conseil, comme on l’observe pour le Conseil Électoral Provisoire, ne serait pas dû à la tendance haïtienne de passer outre des institutions et de leurs règlements internes afin de faire valoir des positions personnelles, des rapports de force, etc. La question est importante mais pas urgente. Celle à laquelle je dois répondre met en jeu les conditions de possibilité du Conseil constitutionnel ( en réalité, de toutes les institutions publiques, y compris l'État lui-même), alors que la question du fonctionnement des institutions entend prendre en compte les conditions de possibilité de leur fonctionnement. Il est logique de penser aux conditions de possibilité avant de revenir aux conditions de fonctionnement. Qu’est-ce qui explique que la classe politique haïtienne ne s’est pas préoccupée de la création du Conseil Constitutionnel haïtienne ?

 

Des difficultés anthropologiques et philosophiques à créer le Conseil Constitutionnel en Haïti.

La mise en œuvre du Conseil Constitutionnel n'est pas advenue parce que la société haïtienne est hantée par un reste «sauvage» qui a bloqué l'institution symbolique. L'ordre social étant troué, une brèche non colmatée par où passe, dans l'expérience sociale, l'affectivité «sauvage», l'énergie originelle qui se met en scène dans les mythes. Cette énergie, condition de la démesure, démesure d’elle-même, hante le social haïtien avec son semblant d'institution symbolique qui n'est pas parvenue, comme c'est le cas ailleurs, à l'arraisonner, à la mettre à distance, seule condition de l'institution d'un ordre légal avec le mutuel consentement de se plier à l'ordre symbolique. Qu'est-ce que l'institutionsymbolique ?

L'institution symbolique est la mise en place d'un système d'«idéalisation». Autrement dit, en ayant recours à la terminologie de la psychanalyse freudienne, l'institution symbolique est la sublimation du désir orienté vers des idéaux (supérieurs[vii]), qui sont eux-mêmes des formes de sublimation. L'institution symbolique donc requiert la mise à distance préalable de la grandeur abyssale de l'affectivité naturelle, non encore encodée par le symbolique.

A partir de cette précision conceptuelle, je propose d'apercevoir que la formation de la communauté politique haïtienne s'est constituée sur fond d'un trou affectif, illustré par la violence esclavagiste qui laisse l'affectivité haïtienne bourrée de ressentiment, de haine de soi, de haine de l'autre. Cela entraîne la difficile institution d'un ordre commun. Au lieu de colmater la brèche par laquelle le naturel fait irruption dans le social, l’institution ne cesse de s’ouvrir toujours sur la bestialité ou sur la divinité. C’est un ordre humain que les Haïtiens semblent être dans l'impuissance d'inventer. L'absence de cet ordre symbolique qui peine à arriver court-circuite en même temps l'institution d'un ordre d'idéalité, qui serait fondé sur la dignité humaine, la justice ou l'égalité, la liberté, etc. Dans cet ordre baroque, tel que le vivent les Haïtiens, les affectivités priment sur le travail de conceptualisation; la difficile décantation entre le singulier et le général, déjà forclose, dégage une ambiance de guerres, de tumultes dans lesquelles les Haïtiens, ivres de furie, sont incapables de voir les issues.

Dans ce contexte anthropologico-philosophique, il est facile de constater que la dynamique sociale, sur fond d'une anthropologie des relations de guerre, prend la forme d'un sauve-qui-peut, d'une contre-éthique de la survie où la vie côtoie constamment la mort, où la vie respire la mort, renifle les odeurs nauséeuses de ceux-là, morts, sans sépulture. La sépulture ici est une figure prise pour traduire l'absence de mémoire envers ceux qui sont morts sous les feux déchaînés de la tyrannie (j'entends ici la tyrannie dans le sens large de la manifestation de réalité archaïques dans la société faiblement constituée d’institution symbolique fondatrice). Morts sans sépulture, morts qui sont vite oubliés, c'est le cas du professeur Monferrier Dorval, c'est le cas de la lycéenne Évelyne Sévère, c'est déjà le cas de Olsmina Jean Méus, fillette de cinq ans, assassinée, etc., ce sont tous ceux-là exécutés dans les quartiers populaires. En fait, le manque de mémoire collective pour honorer les héros ordinaires de la quotidienneté, ceux-là qui ont courageusement osé regarder la mort en face manifeste le mépris des Haïtiens pour leurs héros quotidiens, mais surtout pour la vie. Puisque la valeur de la vie est dans le symbolique fort à l'attribué à la mémoire des morts. Vraisemblablement, les Haïtiens sont impuissants à se souvenir; pris dans l'urgence de la survie, dans le sauve-qui-peut, ils ne sont pas en mesure de prendre du temps pour honorer les morts, en retour, pour s’honorer.

La situation d'urgence, de vie sans projets, de réactions immédiates ou spontanées à fournir aux relations de guerre - aujourd'hui on est aux aguets, comme le soldat sur les fronts -, fait river le regard à soi. Un soi vide, vidé de la part de l'autre, qui s'échoue dans le vide abyssal de l'affectivité immémoriale, sans mots ni désirs. Véritable gouffre !

La conséquence essentielle de cette forme d'être ensemble sans être avec les autres est dans le fait d'être dépourvu de tout sentiment de généralité, de commun-auté. Etant devenus des affectivités singulières, plus proches des affectivités originelles infigurables, les Haïtiens sont incapables de penser à une institution supérieure. Le Conseil constitutionnel pâtit de cette incapacité. Rivés aux passions biologiques de l'enrichissement ou aux passions de survivre, il leur manque du temps, du recul à leur existence urgente pour inventer une institution qui exige une réduction phénoménologique de soi, qui consisterait à mettre entre parenthèses les passions de survie immédiate pour des passions de la durée, de la médiation qu’imposent l’institution symbolique et les institutions religieuses, sociales, politiques, économiques.

Autrement dit, il faut une nouvelle texture anthropologique aux Haïtiens pour faire advenir l'institution symbolique appropriée à l'invention de la vie politique faite d'expériences d'idéalités guidant à la fois les normes d'action et les règles de jeu tout en imposant intimement le respect de l'ordre choisi. En effet, le respect, concept kantien, traduit un mélange d'affectivité et de raison. Quand il est à l'œuvre dans les relations sociales, politiques, l'affectivité débordante est arraisonnée, encadrée par la mesure de la raison. De la démesure on en est venu à un ordre, une expérience encadrée, mesurée. Toutefois, il est impérieux de ne pas oublier qu'il s'agit, dans cette perspective, d'un ordre fragile, toujours guetté par la part sauvage de la nature qui, aux abords du social et du politique, risque de revenir et installer le règne de la tyrannie. Mieux vaut tenter cette expérience du symbolique qui garantit une certaine durée et maîtrise des choses du monde que de se trouver dans l'incertitude chronique, dans la fragilité chronique, dans une ambiance tyrannique généralisée où le symbolique se noie dans l'affectif sauvage (telle est la situation globale présente de la société haïtienne actuelle). Le plus grand danger à éviter consiste à se laisser entraîner par la séduction de l’ « abîme » de la tyrannie.

Nietzsche a bien vu lorsqu’il alerte sur le risque qu’encourent les destructeurs de tyrannie. En effet, la tyrannie porte son écho en chacun des hommes. Souvent, en prétendant la combattre, on ne fait que lui frayer du chemin. Ce chassé-croisé avec la tyrannie indique une simple chose : l’abîme est en chacun des hommes. Répondre aux sollicitations de la tyrannie même en la combattant justement c’est se faire prendre dans/par son charme. Toutefois, j’ai compris que seule l’institution symbolique, renégociée, est capable de la mettre en retrait. Comment inventer un ordre symbolique haïtien ? Telle est la question qu’il faut mettre en chantier. Et cette voie est celle de la philosophie haïtienne.

 

Edelyn DORISMOND

Professeur de philosophie au Campus Henry Christophe de Limonade -UEH

Directeur de Programme au Collège International de Philosophie - Paris

Directeur du comité scientifique de CAEC (Centre d'Appui d'Education à la Citoyenneté)

 Responsable de l'axe 2 du laboratoire LADIREP                       

 


[i] Chenet Jean-Baptiste, Mouvements populaires et partis politiques (1986-1996): la restructuration manquée de l'ordre politique agonisant, Science Politique, Université Sorbonne Nouvelle-Paris III, 2011.

[ii] Il est surprenant d’entendre hors caméra ou micro ce qui constitue les objets de désir des politiciens haïtiens : les marques de whisky, les belles maisons, les belles voitures, les belles femmes, etc.

 

[iii] Frankétienne, Les affres d'un défi, Paris, Vents d'Ailleurs, 2010.

[iv] Marc Richir, «Affectivité sauvage, affectivité humaine. Animalité et tyrannie», in Revue Épochè, n° 6, Animal politique, Jérôme Million, 1996, p. 77.

[v] Marc Richir, La naissance des dieux, Paris, Hachette, 1995, p. 9.

[vi] Jacky Dahomay, «La tentation tyrannique haïtienne» in Revue Chemins Critiques., vol. 5, n° 1/2001.

[vii]J'entends ici «supérieur» dans le sens que Deleuze, commentant l'esthétique de Kant parle de «désir supérieur» pour présenter les formes prises de désir en contact au sublime, qui ouvre le désir vers une universalité où le concept et l'imagination se lient sans tension. Par idéaux supérieurs, il s'agit de mettre en relief une forme d'idéalité régulatrice, caractérisée par un besoin de raison et d'imagination, souvent opposées à tort, afin de proposer un ordre de raison qui est susceptible de guider la raison.

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